Collectionner et archiver ont toujours été des éléments clefs de sa pratique, comme ils l’ont été / le sont pour les artistes qui l’ont le plus influencé. Selon Murray-Wassink :
« Puiser dans le travail passé pour créer du nouveau, tel que je le fais, est un processus, une action, comparables au serpent se mordant la queue. C’est, il me semble, une façon très saine de gérer les facettes multiples que l’on incarne en étant à la fois un artiste et une personne. Je qualifie l’ensemble de mon travail quel qu’en soit le medium de
« SURVIVAL ACCEPTANCE ART » (un art de l’acceptation - de la vie, de soi - comme moteur de survie), ce qui signifie que je tâche d’éviter toute hiérarchisation ou retouche. Une façon brute de présenter et donc partager ma créativité afin, je l’espère sincèrement, de toucher les autres/spectateur.ices/publics (présent.es et/ou futur.es) et de devenir encore plus légendaire – non pas célèbre à proprement parler, mais participant activement à l’évolution de notre monde et des mondes à venir. L’humour (un agréable mécanisme de survie), élément essentiel des messages importants que je tache de transmettre – en peinture, mes « talking horses » (« chevaux parlants », qui représentent selon moi la liberté et la sauvagerie) – mais aussi le glamour (les différentes formes que revêt la féminité) sous ces formes variées, font tous deux partie de cette exploration. »
A travers des essais biographiques tels que celui-ci, Murray-Wassink choisit de ne pas tenter un (long) historique exhaustif de ses expositions et performances.
Il explique : « Peut-être est-ce fainéant, mais écrire une liste de tous les lieux (institutionnels) dans lesquels on a exposé serait pour ma part laborieux et pourrait amener les gens à croire que je suis un artiste institutionnel. Carolee Schneemann fut invitée en 1999 à recommander des personnes pour la MacArthur Genius Grant, alors qu’elle était en plein milieu de sa carrière (elle avait alors 59 ou 60 ans). Elle répondit que n’ayant elle-même jamais été nominée (!), elle trouvait cette invitation très étrange... Soyez attentifs à qui dit quoi et avec qui vous nouez de vraies relations...
J’ai exposé à l’international, à Saint-Pétersbourg, Bern, Zürich, Londres, Munich, Vienne, Potsdam / Berlin, Trondheim, Bergen, New York, Dunkerque, Mechelen, différents endroits aux Pays-Bas et alentours, et peut-être encore d’autres lieux dont je ne me souviens pas. Ma première grande exposition solo à Amsterdam eut lieu en 2021, alors que j’habite et travaille ici depuis 1994. Qu’est-ce-que cela signifie ? Cela veut dire que je suis une sorte d’ermite, et que mon positionnement artistique est résolument indépendant. Carolee m’a appris le courage, Hannah la spontanéité, Adrian la rigueur. J’adore Eva Hesse, Antonin Artaud, et Forrest Bess. Il est important pour moi d’exister au sein d’un contexte historique. Comme toute grande oeuvre. Pendant de nombreuses années, être brouillon servait mon propos politique et artistique, car je sentais que les hommes gay de ma génération étaient / sont encore trop souvent aseptisés et désexualisés, ils sont sensés être soigneux et organisés. Et bien moi j’en mets partout (physiquement, humainement) comme tout le monde, et comme Carolee, lorsque je n’avais ni historien.e, ni archiviste, ni curateur.ice, ni agent.e, ni directeur.ice de musée, ni collectionneur.se... j’ai TOUT fait moi-même et je m’en suis plutôt bien sorti qui plus est. »