Les eaux souterraines surgissent à l'air libre, Théo Guezennec et Théophile Peris
Programme d'éducation recherche au Confort Moderne 11 février 2022 jusqu'au 08 mai 2022
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Entrée libre
 

Théophile Peris et Théo Guézennec sont deux jeunes artistes récemment diplômés de l’ÉESI Poitiers. Il y a quelques années, Théophile Peris s’est ouvert au monde pastoral en travaillant un été comme aide-berger dans les Alpes de Haute-Provence. Il y comprend que la laine n’est pas exploitée et devient un déchet pour les éleveurs. Il décide alors de s’emparer des toisons brutes pour créer des images-sculptures. La laine cardée et feutrée se charge des relations entre humains, animaux et paysage. Les graines, les bourres, les insectes grouillent encore dans les feutres de Théophile Peris.

Théo Guézennec découvre le terme de « fantasmata » chez Domenico da Piacenza, théoricien de la danse du Quattrocento. Il s’agit de l’instant où le corps se défait du mouvement achevé, et dans l’élan, se prépare pour la suite de la chorégraphie. Ce concept résonne avec l’élasticité du temps présent éprouvée lors du confinement et se lie, pour l’artiste, à une inquiétude : comment ne pas ressasser le passé d’une part, ni s’enfermer dans la nostalgie, sans, d’autre part, s’effondrer face à l’avenir qui nous attend ? Théo Guézennec tente de capturer ce temps de l’entre-deux dans ses photographies numériques. Puis, il fixe l’encre de ses images, sans papier, entre de simples couches d’acrylique et se fascine pour l’auto-dégradation de ces objets naissants. 

Théo Guézennec et Théophile Peris écoutent leur matière et dialoguent avec elle. Lorsque Théophile Peris trouve un scarabée ou un étourneau échoué dans une toison, il n’hésite pas à l’interpréter comme un signe et en faire le motif principal de sa pièce. Théo Guézennec lui, compense la fragilité de son matériau en opérant des réparations et en nourrissant ses pièces d’une crème qui retarde leur dégradation. En créant tous deux des œuvres conçues comme des images-volumes, les artistes leur restituent une autonomie : comme les souvenirs, elles se plient, se froissent, pèsent leur poids. Ce sont des images fabriquées et vivantes qui cherchent à jaillir, éloignées de l’idée pure de l’image bidimensionnelle et lisse. Théo Guézennec et Théophile Peris invitent à une perception tactile de l’image, ils exigent de nous de replonger dans la complexité de la « surface » et d’être attentifs à ses profondeurs. À travers le dépouillement de deux matériaux, aux antipodes l’un de l’autre dans notre société – la laine brute et le plastique – les deux artistes semblent demander : quelle matière souhaitons-nous choisir pour tisser nos récits ?

Lou Belbèze

Programme d'éducation recherche au Confort Moderne Groupe 0
En partenariat avec l'EESI
Ecole Européenne Supérieure de l'Image
 
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Théo Guezennec et Théophile Peris inaugurent un nouveau partenariat entre le Confort Moderne et l’EESI, École Européenne Supérieure de l’Image de Poitiers. Celui-ci prend la forme d’un programme annuel de résidence de recherche et de travail à destination des jeunes diplômés de l’EESI. Il s’inscrit dans le cadre d’un plus large projet de structuration de l’accompagnement des jeunes artistes mené à l’échelle de la ville de Poitiers. Au-delà de la simple mise à disposition d’octobre à février d’un espace de travail et d’hébergement, le programme prévoit un accompagnement professionnel qui complète l’immersion des artistes dans les espace-temps du Confort Moderne : suivi artistique du travail, organisation de rencontres professionnelles et de visites d’ateliers et présentation en fin de résidence. Cette présentation, qui se cale sur le calendrier d’exposition du centre d’art, offre aux jeunes artistes accompagnés une visibilité publique et professionnelle. Ce nouveau partenariat est construit sur le même modèle que celui signé avec l’ESAM, École Supérieure d’Arts et de Médias de Caen-Cherbourg, depuis 2018. Chaque année, deux jeunes diplômés de l’ESAM résident au Confort Moderne de février à juin et exposent en été le fruit de leurs recherches.