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NONE SOUNDS synthétise pleinement le monde musical d'aujourd'hui et peut-être même celui de demain. Si la musique pratiquée en duo par ces frères de son trouve une partie de ses racines dans la transe des steppes d'Asie Centrale jouée avec des instruments traditionnels, sa dynamique renoue les fils de la techno mystique des 90s. Il y a des boucles acides, des beats au ralentis, un paysage de steppe désertique. C'est un vertige autant qu'un trip. Moderne et ancestral à la fois.
Aishan et Erpan appartiennent donc au peuple Ouïghours. Depuis 1949 et ce moment où la Chine a pris le contrôle de la région du Xinjiang, les Ouïghours ont été les grands sacrifiés de l'histoire. Au début des années 2000, les artistes et intellectuels originaires de cette partie du monde goûtent, à minima, à la censure, ou sont envoyés entre les murs de ce que le régime de Pékin qualifie, sans desserrer les dents, de 'camps de transformation par l'éducation'. D'après les Nations Unies, près d'un million de Ouïghours, sur une population de 12 millions, y sont enfermés. À mesure que le contexte géopolitique est devenu étouffant, Aishan et Erpan ont bourlingué. Ürümqi, Shanghaï, Tokyo, Paris, Nicosie, Belgrade, Barcelone désormais ... À dire vrai, il n'y a certainement pas assez de place ici pour raconter toutes les péripéties. Disons qu'elles pourraient être un roman picaresque, un film de Quentin Tarantino voire un morceau de gangsta rap taillé pour le karaoké. Il y a dedans des histoires de débrouille à l'ombre des gratte-ciel de Shanghaï ou dans les marchés à ciel ouvert d'Ürümqi. |